INTRODUCTION, PRÉFACES et POSTFACE
du
Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française
par Paul ROBERT
Postface du 1er volume
Trois ans ont passé depuis que l'Académie française m'encourageait à publier mes travaux en me décernant le prix Saintour sur la présentation des soixante-dix premières pages de mon dictionnaire. La Haute Compagnie rompait avec un usage constant en couronnant un ouvrage inachevé. Cet honneur exceptionnel m'impose un double devoir : devoir de gratitude et devoir de persévérance dans l'accomplissement de ma tâche.
Je manquerais gravement au premier si je n'associais, dans un hommage public comme au fond de mon cœur, les noms de M. Georges Lecomte, Secrétaire perpétuel de l'Académie française, et de M. Firmin Roz, de l'Institut, à ceux de MM. Georges Duhamel, Émile Henriot, François Mauriac, André Maurois et André Siegfried, que j'ai déjà cités dans mon Introduction.
Je serais indigne de leur généreuse confiance si je ne menais mon entreprise à son terme, en dépit des difficultés qu'elle comporte.
J'ai dû en surmonter de bien grandes au cours des trois années écoulées. Je n'aurais pu les vaincre sans le concours des affectueux amis qui m'ont aidé à fonder la Société du Nouveau Littré et sans l'adhésion des milliers de souscripteurs qui m'ont apporté les moyens matériels d'élever l'édifice.
Pour leur donner l'assurance que la construction en serait menée à bonne fin quoi qu'il advienne à son architecte, je me suis adjoint une équipe de collaborateurs qui travaillent aujourd'hui à mes côtés sur les documents amassés et qui poursuivraient la tâche sans moi si j'en étais empêché par quelque cause indépendante de ma volonté. À cette équipe, composée de Mlles J. Debove, M. Peter et de MM. H. Clot, O. Cotinaud, A. Rey, de nombreux lecteurs continuent d'apporter, chaque jour, de nouveaux documents qu'un secrétariat diligent dépouille sans arrêt sous la direction de Mlle Ballester. La correction des épreuves est confiée à mon fidèle ami G. Chetcuti.
Le dévouement de mes collaborateurs m'a permis d'accélérer la publication des fascicules de telle sorte que l'ouvrage sera entièrement achevé dans les délais prévus à l'origine.
Certes, un travail de ce genre ne peut être exempt de fautes et de lacunes. Je m'efforcerai de les corriger dans un supplément pour l'élaboration duquel je fais appel à toutes les critiques. Je puis assurer que j'en tiendrai compte.
Parmi celles que j'ai déjà reçues, il en est une à laquelle il me faut répondre ici puisqu'il s'agit de justifier le titre même de mon ouvrage.
Je dois rappeler qu'un dictionnaire n'est pas nécessairement alphabétique et qu'il existe des dictionnaires analogiques qui ne sont pas alphabétiques. Le premier ouvrage digne de ce nom, l'Onomasticon de Julius Pollux, classait les mots dans un ordre logique qui n'était ni plus ni moins arbitraire que l'ordre alphabétique, mais qui, certes, était beaucoup moins pratique.
En adoptant le titre de Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, j'ai voulu souligner qu'un « appareil » analogique complétait l'étude des mots alphabétiquement classés.
Octobre 1953.